L’ambiguïté du hadith de l’homme qui a perdu sa monture dans le désert

Publié le par Abd Allah Al-firansî

L’imam Mouslim rapporte d’après Anas, l’histoire d’un homme qui avait perdu sa monture dans le désert, et qui était désespéré de la retrouver et cru qu’il allait mourir de soif. Lorsque celui-ci retrouva sa monture, il dit par erreur : « Ô Allah ! Je suis ton maître et Tu es mon serviteur ! ».

Beaucoup de personnes cherchant à semer la corruption sur terre, et forgeant des mensonges a l’encontre d’Allah Ta‘ala et de Son messager (‘alayhi salat wa salam), rapportent cette parole pour excuser celui qui fait de la mécréance ou de l’association.

Ibn Taymiya dit à ce sujet, dans « Radd ‘ala al Bakrî » page 244 :

وقد سبق اللسان بغير ما قصد القلب كما يقول الداعي من الفرح اللهم أنت عبدي

« Sa langue s’est emmêlée involontairement, à cause de sa grande joie il a dit « Ô Allah Tu es mon serviteur. » »

Les gens au coeur malade, ont tendance à rapporter ce hadith afin d’excuser celui qui commet de la mécréance tout en étant lucide dans sa tête. Quel rapport y a t’il entre une personne lucide qui commet volontairement de la mécréance, et celui qui, perdu dans le désert, craignant de mourir de soif, se laisse submerger par une joie immense, au point de s'emmêler involontairement la langue en disant cette parole?

Ces gens ne veulent pas se désavouer et appliquer le takfir sur ceux qui commettent de la mécréance et du shirk. Alors, ils choisissent des sujets dans lesquels ils y mettent une ambiguïté afin de pouvoir continuer dans ce chemin des ténèbres et défendre ceux qui pratiquent du shirk et de la mécréance.

Ibn al-Qayyim a dit : « Celui qui a prononcé, lorsqu’il a trouvé son chameau perdu, « O Allah, tu es mon serviteur et je suis ton Seigneur » s'est trompé à cause d’une joie extrême et il n’a pas mécru par ces mots, bien qu’il ait prononcé du koufr pur et clair. Ceci parce qu’il ne voulait pas le dire. Et celui qui est contraint de prononcer du koufr, a en effet parlé avec une parole de koufr, mais il ne devient pas mécréant puisqu’il ne voulait pas prononcer cette parole. Par contre celui qui se moque (d’Allah, du Messager ou de la religion), dans ce cas, une telle parole prononcée impliquera la mécréance et le divorce, même s’il ne faisait que plaisanter, car il désirait prononcer ces mots (qasidun littakallum bil-lafdh). Et puis même s’il ne faisait que plaisanter il n’y aurait aucune excuse pour lui, contrairement au cas de celui qui est contraint, ou qui s’est trompé, ou bien qui était distrait. Dans ce dernier cas une telle personne est excusée… » (I‘lâm Al-Muwaqqi‘in (3/63))

Ibn Al Qayyim a dit aussi dans « I‘lâm Al Moûwaqqi‘in, volume 3 page 53 :

وقد قال حمزة للنبي صلى الله عليه وسلم هل أنتم إلا عبيد لأبي وكان نشوانا من الخمر فلم يكفره بذلك وكذلك الصحابي الذي قرأ قل يا أيها الكافرون أعبد ما تعبدون ونحن نعبد ما تعبدون وكان ذلك قبل تحريم الخمر ولم يعد بذلك كافرا لعدم القصد وجريان اللفظ على اللسان من غير إرادة لمعناه

« Et Hamza avait dit au prophète, salla llahou ‘alayhi wa sallam « Vous n’êtes que des adorateurs de mon père… » Mais il était en état d’ivresse, alors il n’est pas devenu mécréant pour cela, tout comme le compagnon qui récita la sourate 109 : « Dis Ô vous les mécréants, j’adore ce que vous adorez et nous adorons ce que vous adorez… » Et ceci fut avant l’interdiction de l’alcool, et il ne fut pas considéré mécréant pour cela car il n’avait pas d’intention de dire ce qu’il a prononcé de sa langue, et le dit sans vouloir sa signification. »

A ceux qui utilisent aussi ces récits pour permettre la mécréance, nous leur demandons donc de craindre Celui vers qui ils seront ramené et de cesser la propagation de ces mensonges, car celui qui n'est pas atteint par l’ivresse n'a aucune excuse a dire une parole de mécréance, comme l’explique le Cheikh rahimahuAllah dans sa fatwa.

Mouhammad Ibn ‘Abdelwahhâb dit dans dourar As-Saniyya volume 10 page 125 :

إذا نطق بكلمة الكفر، ولم يعلم معناها، صريحا واضحا أنه نطق بما لا يعرف معناه؛ وأما كونه لا يعرف أنها لا تكفره، فيكفي فيه قوله: {لا تَعْتَذِرُوا قَدْ كَفَرْتُمْ بَعْدَ إِيمَانِكُمْ} ،فهم يعتذرون من النبي صلى الله عليه وسلم ظانين أنها لا تكفرهم.

« Lorsqu’il prononce une parole de mécréance, mais sans connaître ce qu’elle signifie, et qu’il est évident et clair qu’il a prononcé une chose dont il ne comprend pas la signification (alors il n’est pas mécréant). Par contre, s’il ignore que cela le fait sortir de l’Islam [tout en comprenant la signification de cette parole] alors il suffira de lire le verset « Ne vous excusez pas : vous avez certes mécru après avoir cru » ils s’excusaient chez le prophète, étant convaincu de n’avoir pas quitté l’Islam. »

Nous allons vous donner un exemple concret :

Par exemple, en prenant le verset 28 de la sourate 35 :

إِنَّمَا يَخْشَى اللَّهَ مِنْ عِبَادِهِ الْعُلَمَاءُ

Innama yakhcha llaha min ‘ibâdihil ‘oulamâ’ou

« Ce sont certes les savants qui craignent Allah, parmi Ses serviteurs. »

Celui qui, au lieu de prononcer « yakhcha llaha » prononce « yakhcha llahou », alors le verset change radicalement de sens car le terme « Allah » passe de l’état de complément direct à l’état de sujet du verbe, la phrase signifiera donc :

« Certes, de Ses serviteurs Allah a peur des savants. »

Et cette phrase est une mécréance évidente. Par contre la situation de celui qui la récite n’est pas évidente du tout : il est très probable que le récitant n’ai pas du tout fait exprès de dire cela, voir même ne se rend pas compte que cette faute change le sens du verset car il ignore les règles de grammaire arabe par exemple. Il a donc prononcé une mécréance sans connaître ce que signifie sa parole.

Ils est clair que toute personne qui dit une parole de mécréance toute en comprenant sa signification, cette personne n’a aucune excuse, contrairement à l’homme qui a perdu sa monture et qui s’est emmêlée la langue involontairement, à cause de sa grande joie ; ou encore lorsque hamza et le compagnon qu’ Allah leurs fassent miséricorde, ont dit une parole de mécréance, ils n’avaient pas d’intention de dire ce qu’ils ont prononcé de leurs langues, et l’ont prononcer sans vouloir sa signification.

Mais ces gens au coeur malade, se basent toujours sur les versets ou hadith à équivoques pour ne pas appliquer le takfir sur celui qui fait de la mécréance volontairement.

A ce sujet Allah Ta‘ala dit : « C’est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre : il s'y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d'autres versets qui peuvent prêter à d'interprétations diverses. Les gens, donc, qui ont au coeur une inclinaison vers l'égarement, mettent l'accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n'en connaît l'interprétation, à part Allah. » (Sourate 3 verset 7)

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